La France et l’Angleterre ont probablement offert le plus mauvais spectacle de ce début de tournoi dans un match où seule la rigueur tactique a primé (1-1).

En reconduisant le même onze victorieux face à l’Estonie, Blanc comptait sur le capital confiance de ses hommes : une défense qu’il souhaite mener depuis deux ans (Debuchy prenant la place de Sagna), un milieu fidèle à ses habitudes avec une sentinelle et un trio offensif qui aura vu émerger Nasri à droite au profit de Remy (blessé), Valbuena et Menez. Discutable peut être, mais crédible dans la logique de Blanc qui fait primer l’expérience du haut niveau.

La Reine et son favori dos à dos

Favori avant le coup d’envoi, l’Équipe de France paraissait déjà moins impliquée que les Anglais sur le plan émotionnel. Alors que Terry et Gerard – plus motivés que jamais – fixaient les Français , ces derniers se contentaient de sourire. Une grande compétition c’est le terrain, mais aussi l’avant-match. Attention !

Au pressing dès le début du match, les Français étaient attentifs aux montées des latéraux Anglais (Jonhson et Cole). Côté Anglais, le maître mot était passe courte dans les pieds. Sous une chaleur étouffante, on sentait que les deux équipes avaient la volonté de faire tourner le ballon. Rajoutant au match une dimension très tactique où chaque formation voulait profiter des opportunités de contre; à l’image de Chamberlain qui interceptait le ballon des pieds de Debuchy pour voir son centre contré par la défense française (2e). La France avait ses moments décisifs avec le premier corner, mal négocié (6e) et un coup franc de Malouda repoussé par la défense anglaise (7e).

Au bout de 10 minutes, les clefs du match étaient posées. Clairement. L’Angleterre tenait un nul et attendait des opportunités de contre, tandis que la France était sur un tempo de favori : ballons dans les espaces, appels sur les ailes, etc.

Pourtant souvent hors de son poste (côté droit), c’est Nasri qui s’offrait la première frappe du match. Plein axe, le joueur de City ajustait Hart au sol. Mais le ballon finissait sa course hors des montants du gardien anglais (11e). Toutefois l’occasion du quart d’heure était signée Milner. Sur une passe lumineuse de Young entre les défenseurs centraux, Milner dribblait Lloris pour finir du gauche dans le petit filet (14e). Un premier avertissement pour l’alignement de la défense française. Dans la foulée, Cabaye obligeait Hart à un arrêt en deux temps sur une frappe à l’entrée de la surface (15e). L’Angleterre profitait alors du ballon pour calmer le rythme d’une rencontre privilégiant les qualités des Français. Dès lors l’intensité du match était acquise à l’Angleterre qui prenait le dessus sur le milieu de terrain français. Un faux rythme s’installait et le public était contraint de subir un match très tactique et sans folie. Seuls Ribery et Chamberlain nous gratifiaient de gestes techniques intéressants.

Et c’est sur un coup franc bien tiré par Gerard que l’Angleterre prenait l’avantage. Au mental et tactiquement, les Anglais avaient construit ce but ! Au contact avec Diarra, Lescott prenait le dessus de la tête et donnait un avantage méritait à une équipe d’Angleterre qui anesthésiait tranquillement une équipe de France pauvre en construction (30e). À la demi-heure de jeu, la France avait perdu son statut de favori et subissait désormais le tempo anglais. Dans le rôle du repenti, Diarra se signalait sur un coup franc d’une double occasion de la tête : la première boxée par Hart, la deuxième placée à côté du poteau droit (34e). On n’était pas loin du rachat immédiat après son erreur de marquage… Nasri lui vint alors en aide en croisant sa frappe au bord du poteau droit d’Hart (39e). Il bénéficiait d’une belle conservation pour ajuster son coéquipier en club, surpris par la trajectoire du ballon au premier poteau. La France avait repris la main dans ce match et enchainait les corners. Benzema poussait Hart à l’exploit sur un tir au ras du sol, sorti du pied (45e).

On pouvait en rester là dans une mi-temps attendue : la France essayant de manœuvrer une équipe anglaise compacte et solidaire.

L’heure de la pause thé

Dès le retour des vestiaires, les consignes de Blanc semblaient claires : presser sans arrêt le milieu anglais. Le résultat fut immédiat, car le onze de la Reine enchaînait les faux pas et n’était plus dans la danse. C’est Gerard qui réveillait encore les siens. Ainsi, le milieu de terrain anglais multipliait les passes courtes dans les intervalles. Le salut des français vint alors par les ailes avec Evra qui profitait enfin de son côté gauche déjà bien remplie avec le remuant Ribery. Toutefois, Jonhson profitait du côté vacant pour essayer de déborder et contourner le bloc français. Cependant ses centres n’apportaient pas le danger escompté.

À l’heure de jeu, on se disait que la seule opportunité de but devrait être convertie, sous peine de finir un match sans saveur. La France semblait crispée, à l’inverse de l’Angleterre qui n’était pas contre un but. La partie d’échecs prit fin au coup de sifflet… Enfin presque. Puisqu’à un quart d’heure de la fin, le public commençait déjà à siffler un spectacle indigne d’une grande compétition.

En effet, la première occasion en seconde période vint à la 80e minute. Sur un corner repoussé, Ribery déviait de la tête pour la reprise demi-volée de Cabaye. Mais Welbeck détournait un ballon qui avait trompé Hart par sa spontanéité ! La France continuait son opération offensive avec les rentrées de Martin et Ben Arfa, ainsi que les tentatives de Benzema. L’Angleterre souffrait à cet instant du match. Il restait alors cinq minutes aux Français pour arracher une victoire bienvenue dans un groupe homogène. Et pourtant l’Angleterre bénéficiait encore les brèches de la défense française. Milner poussait Mexes à tacler un centre fort devant le but ! Corner pour l’Angleterre (89e). Malgré ce sursaut d’orgueil, les Anglais avaient pour mission de tenir le résultat (1-1). C’est la frappe de Benzema (à trente mètres) qui fut la dernière action de ce match (93e), sortie par Hart en deux temps.

Rideau donc sur un match trop tactique et moins spectaculaire que le match nul entre l’Espagne et l’Italie de dimanche.

Le Français du match : Nasri (6). Au milieu du peu d’actions offensives dangereuses, c’est le seul dont la prise de risque a servi sur l’égalisation.

L’Anglais du match : Gerard (6). Le vétéran du milieu anglais a toujours les baguettes en mains pour exécuter sa symphonie. Sans son récital de coup franc, Lescott ne se serait pas illustré dans cette rencontre.

L’interrogation du match : Nasri (6). Buteur certes, le français dézone trop et vient souvent marcher sur ses coéquipiers, car personne ne permute pour prendre sa place. Finalement sa copie brouillonne est sauvée par son but. Heureusement.

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